J’ai un prolapsus. Un prolapsus de la vessie. Un prolapsus depuis mon premier accouchement. Eh oui, et ce, malgré que je sois physiothérapeute en rééducation périnéale. Personne n’est protégée des troubles du périnée, n'est-ce pas? Laissez-moi vous partager mon histoire...
Ma première grossesse, comme vous le savez, a été complexe et ce, dès la 13e semaine. Très tôt dans la grossesse, j’ai été limitée, arrêt de travail, pas de sports, entre autres. Vers la 20e semaine, j’ai été restreinte au lit pendant six semaines et ensuite, j’étais limitée dans mon maintien des positions debout et assise. L'horreur! Je me suis énormément atrophiée, particulièrement au niveau des muscles des jambes… Laissez-moi vous dire que ne plus avoir de fessiers affecte grandement le soutien du plancher pelvien… Je l'ai compris en postnatal disons! Vers la 34e semaine, mon médecin m’a permis de prendre de courtes marches et de «bouger» un peu plus, mais un mois (j’ai accouchée à 37 semaines et 6 jours), ce n’est pas suffisant pour regagner la forme physique, surtout pas en fin de grossesse avec la fatigue, le prise de poids, etc. J’ai donc accouchée par voie vaginale en 8h au total près de ma 38e semaine (8h, c'est peu pour un premier bébé). J’étais très faible pour maintenir les différentes positions et la poussée a été difficile, je n'avais pas de force. J’ai poussé longtemps... 3h30 en position «style gynécologique»… Pas idéal comme situation.
Un des facteurs de risque du prolapsus est notamment un premier accouchement avec une longue poussée.
Durant les premiers jours en post-partum, je ne me suis pas trop trop attardée aux sensations de mon périnée (il y en avait trop de toute façon: hémorroïdes, cicatrice, enflure, etc.). Mon esprit était comblé à répondre aux besoins de mon nouveau-né tout en essayant de devenir maman. Puis, j’ai remarqué une sensation de lourdeur dans mon entrejambe (en me disant que c’était sûrement normal après un accouchement récent), mais en même temps, vu mon métier mon stress a augmenté évidemment! J’ai décidé de prendre mon ami (ou ennemi) le miroir (on devait être durant le 2e mois en postnatal). Puis, j’ai vu ma vessie qui était basse. Basse genre à l’entrée de l’ouverture vaginale… J’ai littéralement capoté. Incapable de me rationnaliser avec mes connaissances puisque c’était mon corps. Le temps a passé, mais les choses ne s’amélioraient pas. J’avais beau appliquer tous les bons conseils de nos programmes, faire du renforcement des muscles du plancher pelvien, prendre des repos en déclive au besoin, faire mes tâches quotidiennes en essayant de respecter mes symptômes, j’adaptais mes positions avec bébé (pour l’endormir, pour les boires, etc.): les choses ne s’amélioraient pas (voire la situation empirait?) et plus le temps passait, plus j’angoissais.
Puis, je me suis dit qu’il fallait peut-être que je me remette à l’activité physique, doucement. Rappelons-nous que j'étais encore complètement atrophiée. Et c’est à partir de ce moment que les choses se sont améliorées.
J’y suis allée très (très) graduellement, au rythme d’une femme qui a été alitée durant sa grossesse, une femme qui était atrophiée et aussi une femme qui était fatiguée de sa nouvelle maternité. C’est là que j’ai compris à quel point il est important pour les muscles du plancher pelvien d’avoir des fessiers forts (et les autres muscles aussi). Les fessiers jouent, en effet, un rôle de plateau et soutiennent la musculature du périnée.
Durant ma première année post-partum, mon prolapsus s’est amélioré, passant d’un grand grade 2 à un grade 1. Entre mes deux grossesses, j’ai continué à ressentir des lourdeurs périnéales légères avant et pendant mes règles surtout. Sinon les choses allaient plutôt bien. Arriva ma seconde grossesse!
Une grossesse zen, active, douce. Je me suis entraînée (entraînement cardio, yoga, m’occuper de mon premier…). Et j’ai ainsi gardé ma forme physique et eu très peu de symptôme de lourdeur périnéale. J’ai accouché à 40 semaines pile en étant forte physiquement pour maintenir les positions durant la première phase du travail et j’avais la force d’être plus efficace pour les poussées dans la deuxième phase du travail. J’ai accouché aussi en 8h, mais j’ai poussé environ 15 minutes en position 4 pattes. Donc une poussée moins longue dans une position moins stressante pour le plancher pelvien. Bingo! Évidemment, comme j’avais encore un petit prolapsus vésical, celui-ci n’est pas disparu après un deuxième accouchement (et il ne disparaîtra probablement pas complètement jamais), mais je suis présentement légèrement passé mon 3e mois post-partum et je me sens déjà plus forte, plus soutenue dans ma région périnéale. Je saute déjà dans mes entraînements sans stress (alors que je n’avais pas vraiment sauté avant un an après mon premier accouchement n'étant pas à l’aise…). Mes fessiers je les avais bien gardé cette fois! Ce qui me provoque (provoquait) le plus de symptômes, c’était lorsque j’utilisais mes bras en hauteur (je le sentais particulièrement après ma douche). Je me suis d’abord dit que c’était parce que c’était une position debout, en fin de journée. Mais c'était absurde puisque je pouvais prendre mon grand de 3 ans, transporter la coquille, manipuler la poussette, faire des entraînements cardio sans provoquer de symptômes (ou en en provoquant très peu).
J’ai donc compris cette fois l’importance d’avoir une ceinture scapulaire forte ainsi qu’une sangle abdominale forte, cela pour bien maîtriser mon diaphragme ainsi que sa synchronisation avec mon plancher pelvien.
Si le diaphragme et les muscles du plancher pelvien se coordonnent, la pression intra-abdominale est mieux contrôlée et ainsi, les symptômes de prolapsus (et d’incontinence urinaire) diminuent. Mon prolapsus est encore présent, mais il ne me dérange pas autant qu’après mon premier accouchement. Je pense réellement que ça va mieux parce que j'ai été plus en forme durant ma grossesse et aussi parce que j'ai adapté mes activités durant mes premières semaines postnatales en respectant, autant que possible, mes symptômes de lourdeur. Adapter, donc je ne suis pas restée horizontalisée dans mon lit (de toute façon, avouez qu'avec deux enfants, ne rien faire relève de l'impossible!).
Ma longue histoire pour démontrer que le sport m’a énormément aidé dans ma problématique de prolapsus, bien plus que l’inactivité qui a possiblement même été à l’origine de mon prolapsus (première grossesse alitée et limitée). Le sport peut être la solution si vous souffrez d’incontinence urinaire d’effort, de lourdeur périnéale ou même d’un prolapsus pelvien. Ne bannissez surtout pas le sport de votre vie si vous avez un de ces problèmes. Adaptez-le, cela est vrai pour les symptômes survenant en postnatal (ou pas). Il faut qu’il soit repris et pratiqué graduellement tout en restant à l’écoute des symptômes ressentis (ou pouvant être ressentis). C'est cela qui permet au corps de s’adapter. Rester inactive en postnatal trop longtemps (car il faut tout de même une période de repos partiel initiale) est rarement la solution (ni trop en faire d'ailleurs).
Bouger fait du bien au corps, à l’esprit, mais aussi au plancher pelvien! Laissez-vous guider par nos programmes ou consultez une physiothérapeute en rééducation périnéale.